En 1976, Louis Deharveng, biospéologue, récolte des arthropodes (insectes, mille-pattes, araignées...) suite à une visite dans la grotte l'Aguzou. N'ayant pas eu le temps de déterminer ou faire déterminer les espèces, il ne donne alors, le plus souvent, que le nom de genre.
Deux années plus tard, en 1978, il découvrira dans la grotte une espèce nouvelle Onychiurus cf. aguzouensis.
Les espèces troglophiles
Ces espèces "aiment le milieu souterrain", elles effectuent ou peuvent effectuer la totalité de leur cycle biologique sous terre. Elles peuvent également vivre à l'extérieur dans des milieux présentant des similitudes.
Les plus connues sont les chauves-souris. Deux espèces de Rhinolophes peuvent s'observer dans les galeries d'entrée de l'Aguzou. D'abord le petit Rhinolophe Rhinolophus hipposideros, puis ensuite le grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum.
Des Myriapodes, au corps aplati et portant une seule paire de pattes par segment ont été récoltés. L'espèce, Lithobius sp., mesure environ 2 cm de long, c'est un mille-patte carnassier se nourrissant d'animaux plus petits (vers, Collemboles, Acariens...).
Les Orthoptères (sauterelles, criquets) présents dans l'Aguzou appartiennent à l'espèce Dolichopoda linderi. Outre la taille impresionnante de leurs pattes, les Dolicopodes se reconnaissent à leurs yeux réduits, leur dépigmentation et l'absence d'ailes. Ce sont des animaux troglophiles qui sortent la nuit pour se nourrir de végétaux.
Les espèces troglobies
Les troglobies sont dits "cavernicoles vrais". Ils sont strictement inféodés au milieu souterrain et ne sauraient vivre à l'extérieur.
Le Coléoptère le plus connu des spéléologues est le Speonomus qui fait environ 4 à 5 mm de long. Il est sans doute carnassier (se nourrit peut-être de Collemboles ?). Le Spenomus est beige-jaunâtre, mais ce n'est là que la couleur du liquide interne de l'animal, et non pas une pigmentation. Deux espèces de Speonomus vivent probablement dans la grotte de l'Aguzou. En effet, des études récentes menées sur des grottes voisines, ont révélé une première espèce Speonomus curvipes localisée à proximité des entrées et une deuxième Speonomus chardoni vivant de préférence dans la zone profonde.
Un Acarien proche des araignées, Rhagidia sp. mesure 1 à 2 mm et se caractérise par un allongement prononcé des pattes. Il se nourrit sans doute d'animaux plus petits, microscopiques.
Les Collemboles sont des animaux de très petite taille (0,3 à 1,5 mm). Ils se caractérisent par un organe qui leur permet d'effectuer des sauts considérables (pour leur taille) ! Quatre espèces sont connues pour l'instant : Onychiurus gr. minutus, Onychiurus cf. aguzouensis, Oncopodura sp., Neelus sp., Arrhopalites pygmaeus.
Conclusion
Au total, la faune souterraine (espèces troglobies) est pauvre. Ainsi, on trouve 2 à 3 fois plus d'espèces animales dans une grotte ariègeoise à même altitude. Elle est riche en individus, car les ressources alimentaires (débris divers) sont relativement abondantes.
Comme toutes les faunes de caverne, si on la compare à la faune du milieu extérieur (forêts, prés, mousses, etc.) on constate que :
Le nombre d'espèces et d'individus est beaucoup plus faible qu'à l'extérieur, ceci à cause de l'absence de végétaux (d'où rareté de la matière organique dont se nourrissent la plupart des animaux, et de ce fait, rareté des carnassiers se nourrissant d'animaux).
Les espèces rencontrées n'ont souvent aucun proche parent à l'extérieur : c'est le cas du Speonomus et de l'Oncopodura à l'Aguzou. Il s'agit de formes héritées de climats anciens, ayant survécu dans les grottes et s'étant adaptées à la vie cavernicole. Arrhopalites pygmaeus est par contre un cavernicole "récent" car très proche d'une forme extérieure aux cavernes ; d'après certains biospéologistes, il s'agirait plutôt d'une espèce troglophile.
D'après Louis Deharveng, Laboratoire de zoologie, Toulouse - 1976
Compléments de Franck Bréhier, Société de Biospéologie de Moulis, Ariège - 1999